lundi 6 octobre 2008

Les Algonquins du Lac Barrière érigent un barrage routier non violent sur la 117 au nord du Québec


"Non au coup d'etat". Les Algonquins du Lac Barrière érigent un barrage routier non violent sur la 117 au nord du Québec : La communauté perd patience face aux engagements non tenus et à l'interférence du gouvernement fédéral dans le choix du leadership


















Lundi, le 6 octobre, 2008

Kitiganik/Lac Rapide, Territoire algonquin / - Depuis 6:00am ce matin, les membres de la communauté du Lac Barrière Barriere, tous âges confondus, ont érigé un barrage routier non violent devant leur réserve au nord du Québec, en promettant de maintenir le barrage routier jusqu'à ce que le Canada et le Québec s'engagent par écrit à respecter leurs ententes et que le gouvernement canadien mandate un observateur pour agir comme témoin lors de la sélection de nouveaux chefs, en accord avec le Code coutumier de gouvernance du Lac Barrière, et qu'il en reconnaisse les résultats.
« Le gouvernement conservateur, comme les libéraux avant lui, nous a traité avec mépris en refusant de respecter les ententes qu'il a signées avec nous », admet Norman Matchewan, cet enseignant et policier à temps partiel dans la communauté, qui a fait l'objet des propos racistes d'un membre du bureau de comté de Lawrence Cannon, dans Pontiac. « Nous avons essayé toutes les solutions politiques, mais ils ont ignoré et écarté notre communauté, ne nous laissant d'autre choix que de maintenir un barrage non violent pour forcer le gouvernement à se montrer juste envers nous. »

La communauté du Lac Barrière veut que le Canada et le Québec fassent respecter les ententes issues de l'accord trilatéral de 1991, un accord de développement durable et de cogestion des ressources, qui avait alors été applaudi par l'ONU et la Commission royale sur les peuples autochtones. Le gouvernement du Canada ne respecte plus l'accord depuis 2001. Le Québec a signé en 1998 un accord bilatéral, mais piétine depuis que des recommandations pour sa mise en œuvre ont été soumises, en 2006, par deux anciens ministres, John Ciaccia, représentant particulier pour le Québec, et Clifford Lincoln, représentant particulier des Algonquins du Lac Barrière.

« Pour éviter ses obligations, le gouvernement fédéral a délibérément enfreint nos coutumes de gouvernance en délogeant notre Chef et Conseil coutumier », explique Michel Thusky, porte-parole de Lac-Barrière. « Dans ce qui s'apparente à un coup d'État, il a mis en place un Chef et Conseil rejeté par la majorité de la communauté. Les gouvernements du Québec et du Canada travaillent main dans la main car ils se servent des mêmes problèmes de gouvernance comme excuse pour enterrer les accords qu'ils ont signés avec les Premières Nations en 1991 et 1998 respectivement. »

Le 10 mars 2008, pour la troisième fois en 12 ans, le gouvernement du Canada s'est immiscé dans la gouvernance interne du Lac Barrière. Il a révoqué la reconnaissance du Chef et Conseil coutumier et a mandaté un groupe qui, selon le Conseil des aînés du Lac Barrière, n'a pas été choisi dans le respect de leur Code coutumier de gouvernance.
Selon Marylynn Poucachiche, une autre porte-parole de la communauté. « Le gouvernement fédéral prétend qu'il s'agit d'un simple problème interne. Mais nous ne pouvons régler la situation que si le gouvernement fédéral mandate un observateur-témoin pour assister au processus de sélection de nouveaux chefs, en accord avec le Code coutumier de gouvernance du Lac Barrière, qu'il promette d'en respecter les résultats et qu'il cesse de s'immiscer dans nos affaires internes. »

En 2007, le juge Réjean Paul, de la Cour Supérieure du Québec, a émis un rapport qui concluait que le groupe reconnu par le gouvernement fédéral, lors du prétendu choix d'un chef en 2006, ne représentait qu'une « infime minorité » qui « ne respecte pas le Code coutumier de gouvernance »[1]. Le gouvernement fédéral a reconnu cette faction minoritaire après avoir mené un autre présumé processus de sélection en janvier 2008, même si, selon le rapport d'un observateur sur lequel se fiait le gouvernement, rien ne « garantissait » que le Code coutumier de gouvernance soit respecté [2].

Le Secrétariat de la nation algonquine, un conseil de bande regroupant trois communautés algonquines dont celle du Lac Barrière, reconnaît toujours le leadership de Benjamin Nottaway et continue de travailler avec lui et son conseil.

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Contacts médiatiques :

Michel Thusky, porte-parole Lac Barrière : 819 - 435-217

Norman Matchewan, porte-parole Lac Barrière (en anglais) : 647 - 227 - 6699

Marylynn Poucachiche porte-parole Lac Barrière (en anglais) : 438 - 868 - 3957


Notes:

[1] Rapport du Juge Paul

[2]Rapport Riel







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